Autrice: Selma Zaiane-Ghalia
Professeure agrégée, École de kinésiologie et de loisir, Université de Moncton
Selma.zaiane-ghalia@umoncton.ca
Résumé
À travers cette étude, il s’agit de présenter l’expérience de l’utilisation d’approches pédagogiques entrecroisées dans le cadre du cours d’introduction au Loisir thérapeutique qui met l’emphase sur la transdisciplinarité du parcours en santé. Le rôle du professeur comme médiateur est abordé. Celui-ci ne transmet pas un savoir, mais place son savoir-faire à la disposition des personnes étudiantes créant des environnements qui encouragent leur participation pour construire et déconstruire leur propre savoir et maximiser leurs compétences et capacités à s’adapter aux besoins évolutifs de la société. Dulude précise que «la science n’est pas une réponse en soi, mais une façon d’interagir et de réfléchir. Elle nous oriente de façon fiable dans cet Univers complexe » (Dulude, 2020). Dans les domaines en lien avec la santé et le mieux-être, la science pure ne suffit pas, le contact humain direct reste primordial, sachant également que le regard de la société peut rajouter aux difficultés des personnes. Nous abordons une approche qualitative, descriptive et en partie autobiographique, qui questionne l’apprentissage immersif dans une perspective transdisciplinaire. Le projet souhaite apporter de nouvelles questions relativement à la transdisciplinarité en formation universitaire en santé. Il s’agit de réfléchir en détail à la question posée et d’enrichir celle-ci, une approche pédagogique axée sur la poursuite du processus (pas uniquement sur le produit final) (Ministère de l’éducation, CB, 2015).
Mots-clés : approches pédagogiques croisées ; transdisciplinarité ; formation en santé ; loisir thérapeutique, identité.
Introduction
Dans les domaines en lien avec la santé et le mieux-être des personnes, la science pure ne suffit pas, le contact humain direct reste primordial, sachant également que le regard de la société s’ajoute aux difficultés des personnes, ce qui n’aide pas à les surmonter (Pellecchia et Gagnayre, 2004). Nicolescu rappelait que « la science moderne est fondée sur l’idée d’une séparation totale entre le sujet-connaisseur et la réalité, supposée être complètement indépendante du sujet qui l’observe » (Nicolescu, 2006, p. 3). Et Dulude précise que « la science n’est pas une réponse en soi, mais une façon d’interagir et de réfléchir. Elle nous oriente de façon fiable dans cet Univers complexe » (Dulude, 2020, p. 111).
Partant de ces constats, et ayant dans ma charge d’enseignement un cours qui est obligatoire pour toutes les personnes qui suivent le programme du Baccalauréat en Gestion du Loisir, Sport et tourisme (GLST), à l’Université de Moncton, campus de Moncton, cours GLST2300, Loisir thérapeutique, cours qui est offert en option aussi à d’autres formations (Baccalauréat en psychologie, etc.), je partage ici une réflexion sur comment je tente de faire évoluer l’offre de ce cours pour permettre de développer des compétences transdisciplinaires chez les personnes étudiantes. C’est un cours d’introduction au domaine des loisirs thérapeutiques, donc en lien avec la santé et le mieux-être.
Le monde dans lequel nous vivons est complexe. L’individu n’évolue pas dans des silos totalement séparés à divers moments de son parcours de vie et de sa journée. Sur un plan entrepreneurial, Bareil souligne qu’il faut se regrouper pour échapper aux silos et travailler vers un objectif commun en misant sur la communauté d’apprentissage (Bareil, 2008, p. 98). Il est donc important de préparer judicieusement les personnes étudiantes à progresser de façon optimale, productive et collaborative dans la société d’aujourd’hui et de demain, en les préparant à la citoyenneté (être ouvert vers l’autre et vers sa communauté). Il s’agit ici de faire émerger des pratiques pédagogiques transdisciplinaires inspirantes qui arrivent à mobiliser le corps professoral pour des collaborations centrées sur les besoins de l’humanité et du développement durable et de montrer comment le rôle du professeur-médiateur est important pour la transmission de savoir-faire et de savoir-être, sachant que les savoirs sont en transformation et en évolution permanente menant vers un savoir-devenir, lequel exprime la capacité à savoir évoluer (Dupuich-Rabasse et Letourneux, 2006).
La transdisciplinarité en santé
À ce jour, très peu d’études ont mis en avant la transdisciplinarité dans la recherche en santé. Dans le travail d’Archambault et ses collaborateurs, on mentionne « comme l’indique son préfixe « trans- », la transdisciplinarité implique le passage d’une discipline vers une autre, pour les entrecroiser et les dépasser » (Archambault et coll., 2014). L’étude menée par Monthuy-Blanc et ses collaborateurs met en exergue la puissance de la transdisciplinarité via un modèle d’intervention transdisciplinaire en attitudes et comportements alimentaires dysfonctionnels (ACAD) (Monthuy-Blanc et coll., 2022). Ce groupe indique sur sa présentation : « Si la multidisciplinarité se dit et l’interdisciplinarité se vit, la transdisciplinarité, elle, se bâtit […] par l’expertise collective transdisciplinaire » (Loricorps, 2021). Il faut souligner que la finalité de la transdisciplinarité est la compréhension du monde complexe d’aujourd’hui. (Diemer, 2014)
Par ailleurs, suivant les travaux de Mucchielli (2021), l’identité est complexe et se décline selon un ensemble de sentiments dont on peut citer l’appartenance, l’autonomie ou encore la confiance. Comme toute personne grandit et évolue dans un environnement social donné, elle développe un sentiment d’appartenance qui résulte de l’intégration des normes, valeurs et modèles sociaux présents dans ce milieu. C’est un milieu qui peut changer lors de déménagement, d’immigration, etc. Si je reprends la question « Miroir mon beau miroir dis-moi qui suis-je ? », quelle réponse donneront nos jeunes qui vont œuvrer dans les domaines de la santé ? En effet, la question « Qui êtes-vous ? » est l’une des questions les plus importantes auxquelles la plupart des gens sont confrontés (Vignoles, Schwartz, & Luyckx, 2011). Aussi Vygotsky (1978) voit le moi en tant que phénomène complexe produit continuellement par et dans les échanges entre les individus et avec le monde matériel transformé culturellement. Quels seront donc les impacts de la présence de plus en plus envahissante de l’intelligence artificielle sur l’identité ? C’est une question que plusieurs auteurs se posent de plus en plus chaque jour. Je commence toujours mon cours avec cette question importante. Aussi, j’invite les personnes étudiantes à essayer, durant le temps du cours et au mieux de leur capacité, à se détacher de leur téléphone cellulaire et à n’utiliser l’ordinateur que pour les besoins stricts des activités. Fishow (2023) souligne que les progrès considérables réalisés récemment dans le domaine des outils d’intelligence artificielle générative (IA) nous ont permis d’explorer les profondeurs de nos propres capacités et d’étendre nos compétences de base à l’aide d’outils sophistiqués basés sur l’IA dans de nombreux domaines d’expertise. Il mentionne l’effet miroir dans le sens où les outils d’IA générative nous renvoient notre personnalité de manière nouvelle et révélatrice. Mais les cerveaux de nos jeunes avant 25 ans n’étant pas encore totalement matures, il faut rester prudent sur les impacts de cette IA utilisée par excès. À juste titre, Lyse Langlois[1], directrice générale de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle et du numérique, écrit : « Aujourd’hui, les bénéfices tout comme les risques de l’IA sont grands et nécessitent une pluralité de regards, une ouverture, une humilité et un désir de travailler en commun pour améliorer les conditions de vie et notre mieux-être, dans l’intérêt public » (Langlois, 2023). De son côté Lucas (2019) souligne que les utilisations de l’IA sont multiples et devraient, à terme, devenir incontournables dans le monde de la santé.
En tant qu’enseignante, transmettrice de savoir-faire et de savoir être, pour accompagner un savoir-devenir, comment pouvoir apporter ma contribution à la future génération pour soutenir un développement durable, éthique, respectueux de l’humain? Rappelant que l’humain n’est qu’une composante de l’ensemble complexe de l’environnement naturel qui l’accueille. Dans tout cela, je ne peux pas omettre de faire une place à l’intelligence dite artificielle et au développement d’un environnement de plus en plus artificialisé. Ainsi, il s’agit ici de présenter l’expérience de l’utilisation d’approches pédagogiques entrecroisées dans le cadre du cours d’introduction au Loisir thérapeutique qui met l’emphase sur la transdisciplinarité du parcours en santé.
La personne de la professeure médiatrice
Les Grecs appelaient l’éducation paideia, une transmission de connaissances chargées de sensibilité, de valeurs. Ne s’est-elle pas « grippée » au point de passer d’un idéal de formation, à une grille de formatage, fondée sur un non-dit inique, celui du droit à la différence ? (Collin, Moomou, & Seveno, 2018).
Le rôle de la professeure-médiatrice est primordial. Celle-ci ne transmet pas un savoir, lequel est en transformation constante, mais met son savoir-faire à la disposition des personnes étudiantes en créant des environnements riches qui encouragent leur participation pour construire et déconstruire leur propre savoir (Barth, 1999) et maximiser leurs compétences et leurs capacités à s’adapter aux besoins évolutifs de la société. Eckhart Tolle (2019) souligne qu’il est important d’apprendre aux apprenants à se soutenir mutuellement et à apprendre les uns des autres tout au long du voyage de l’apprentissage et de la découverte de soi. Pour Lucas (2006), la relation pédagogique ne met pas seulement en jeu des contenus ou des consignes rationnelles, mais aussi une influence tenant à la sensibilité et à la personnalité du pédagogue. L’éducation n’est alors plus de l’ordre du seul discours, mais tient également des dispositions psychiques de l’adulte. Or, ces dispositions échappent largement aux méthodes pédagogiques programmées d’avance, et dépendent au contraire de ce que le « professeur-médiateur » est dans le plus intime de sa psychologie. Feuerstein et Feuerstein (1991), soulignent deux éléments majeurs qui doivent être pris en considération pour le développement du sentiment de compétence : équiper l’apprenant des prérequis de compétence, des stratégies cognitives ; et offrir à l’apprenant des opportunités de confronter certaines situations et de les maîtriser.
Problématique de mes recherches actuelles
Il s’agit d’une réflexion qui souhaite apporter de nouvelles questions relativement à la transdisciplinarité en formation universitaire en santé. Peut-on utiliser des approches pédagogiques entrecroisées dans le cadre du cours d’introduction au Loisir thérapeutique et arriver à capter l’intérêt des personnes étudiantes tout en les engageant dans un processus d’autonomie dans un apprentissage individualisé tout en travaillant aussi en équipe ?
Comme le dit si bien Dulude « Le but implicite du partage d’idées est non seulement de briser la solitude, mais aussi de répartir la charge d’une idée » (Dulude, 2020, p. 118). L’approche pédagogique circulaire autochtone, faisant aussi partie de mes expérimentations pédagogiques transdisciplinaires, incite à la réflexion et non à une recherche effrénée d’une solution. Il s’agit de réfléchir en détail à la question posée et d’enrichir celle-ci, « une pédagogie axée sur la poursuite du processus (pas uniquement sur le produit final) » (Ministère de l’Éducation. Colombie britannique, 2015, p.64).
Méthode de recherche
Dans ce contexte, je me suis questionnée sur mon approche pédagogique abordée auprès des personnes étudiantes qui suivent le cours Loisir thérapeutique et j’ai apporté des enrichissements année après année. Je partage ici l’expérience du cours donné à l’hiver 2023. Douze des treize personnes inscrites m’ont autorisée à utiliser leurs travaux, une fois le cours fini, pour évaluer mes démarches.
Pour évaluer le cours, j’ai réuni des enregistrements vidéo, des fiches d’évaluation, des journaux de bord individuels, et d’autres supports. Il s’agit d’une approche qualitative descriptive et en partie autobiographique, qui questionne l’apprentissage immersif dans une perspective transdisciplinaire. Il s’agit aussi d’une approche postmoderne prônant une posture plus subjective – interprétativiste – dans laquelle le chercheur est l’instrument de la recherche et dont l’objectif n’est pas de chercher à lier des causes à des conséquences, mais plutôt de développer des connaissances ancrées dans la réalité observée (Galan, 2010). J’analyse les témoignages et les sentiments exprimés par des personnes étudiantes à travers des retours individuels.
Tableau 1 : Méthodologie
| Méthode de recherche | Recherche qualitative |
| Participant.e.s (N=12) | • Les personnes étudiantes du cours Loisir thérapeutique |
| Technique et instruments de collecte des données | • Enregistrement vidéo
• Fiches d’évaluations • Journal de Bord • Rapport du journal de bord • Travaux divers et activités • Plan de cours • Personnes invitées (notes de préparations, etc.) |
| Méthode d’analyse des données | • Analyse thématique
• Analyse documentaire • Approche qualitative, descriptive et en partie autobiographique, qui questionne l’apprentissage immersif dans une perspective transdisciplinaire |
| Étapes du traitement des données (en cours) | • Codification initiale
• Catégorisation • Thématisation |
Voici globalement les approches pédagogiques que j’utilise dans le cadre du cours. Grâce à l’approche actualisante et dans des conditions d’apprentissage optimales, les personnes étudiantes ont tendance à vouloir se réaliser pleinement et acceptent de prendre en charge leur développement personnel. Les diverses approches pédagogiques combinées permettent de varier les travaux et les rencontres humaines.
Tableau 2 : Approches pédagogiques utilisées
| Approches pédagogiques | Extraits de verbatims |
| Approche expérientielle | À travers divers exercices individuels et lors d’interaction avec des personnes invitées (Zaiane-Ghalia et Benimmas, 2023) |
| Approche collaborative | À travers le projet d’équipe et des travaux en équipe en classe |
| Approche par projet | À travers des projets individuels et le projet d’équipe |
| Approche transdisciplinaire | A travers la place centrale de la personne humaine toujours rappelée à chaque activité / exercice /expérience vécue / partages effectués avec les personnes invitées |
| Approche autochtone | A travers l’introduction des principes de la roue de la médecine et de la réflexion culturelle autochtone |
| Approche magistrale | Les présentations par la professeure de contenus théoriques. (de moins en moins) |
| Pédagogie universelle | À travers une planification rigoureuse à la suite de l’anticipation des besoins qui pourraient émerger en contexte de salle de classe ordinaire (Changement de la salle de classe initialement assignée). L’inclusion de toutes les personnes en tenant compte des capacités de chacune. Par l’adoption d’une approche flexible qui peut être faite sur mesure ou ajustée pour les besoins de l’individu. (Bergeron et al., 2011; Rose et Meyer, 2002) |
| Approche par découverte guidée | À travers les supports déposés sur la plateforme d’apprentissage CLIC |
| Approche actualisante | En intégrant à la vision autonomisante des éléments de responsabilité sociale, dont la dimension conscientisation et engagement propre à une orientation planétaire qui éveille aux rôles et aux responsabilités sociales de la personne et qui invite la personne à vouloir participer à un projet de société fondé. (Landry, 2002) |
Première étape du cours : L’introspection
Le cours commence par un travail d’introspection, avec la question « Qui suis-je aujourd’hui ? Et qu’est-ce que je souhaite acquérir comme connaissances et compétences ? ». À la sous-question « Quelles sont les capacités / qualités que je pense avoir en tant que personne ? », les mots bienveillant.e et débrouillard.e, reviennent souvent. Je pose d’autres sous-questions, telles que :
a) Quels sont les défis que je pense avoir en tant que personne ?
b) Qu’ai-je appris jusqu’à aujourd’hui dans la vie et dans mon parcours d’étude qui me permet d’avoir plus de capacités en tant que récréologue en loisir thérapeutique ?
c) Qu’est-ce que j’aimerais pouvoir encore apprendre / renforcer en moi – en mes capacités pour atteindre l’excellence dans le domaine du loisir thérapeutique ?
La question (c) me permet de personnaliser mes échanges avec les personnes qui représenteraient des besoins plus spécifiques, et ce afin d’ancrer l’inclusion en classe.
À la toute fin du cours, après l’examen, j’ai posé sur un formulaire de type « Forms » des questions aux personnes étudiantes pour me permettre d’avoir une appréciation de cette première expérience pédagogique introduite dans le cours, dont celle-ci : « Indique deux apprentissages majeurs/les plus importants pour toi, que tu as pu réaliser dans le cadre du cours sur le plan personnel, pour toi-même en tant que personne, pour ta vie ».
Tableau 3 : Apprentissages majeurs réalisés
| Verbatims étudiants | Thématiques qui ressortent |
| Mieux me comprendre, avoir plus confiance en moi | Connaissance de soi
Confiance en soi |
| Mon premier apprentissage majeur que j’ai tiré de ce cours est l’importance de l’écoute active. Cela m’a vraiment fait me demander pourquoi nous écoutons et m’a fait réfléchir à la façon dont je peux m’aider moi-même et apprendre le plus de chaque cours et opportunité d’apprentissage | Connaissance de soi
Écoute active |
| Si on veut prendre soin des autres, il faut d’abord savoir prendre soin de soi-même | Prendre soin de soi |
| Introspection et écoute active | Connaissance de soi
Écoute active |
| Le fait de s’écouter soi-même et de ne pas porter de jugement immédiat sont des attitudes importantes à adopter. | Connaissance de soi
Prendre soin de soi Pas de jugement |
| J’ai appris l’importance d’écrire plusieurs fois nos apprentissages, de les relire, d’écrire nos ressentis, nos sentiments pour y voir plus clair et apprendre plus vite. | Connaissance de soi
Répétition pour l’apprentissage |
Poursuite des apprentissages
Tout au long des treize semaines du cours, plusieurs exercices sont effectués individuellement, clôturant la session avec un projet majeur en équipe. Je dis bien en équipe et non pas en groupe, car cela fait référence à la collaboration et au support mutuel pour arriver à un objectif commun de réussite, mettant l’emphase sur l’entraide, la complémentarité des forces de chaque personne de l’équipe.
De plus, nous avons reçu en salle de classe sept personnes invitées. Après chaque visite, les apprenant.e.s soumettent une fiche avec les trois apprentissages majeurs réalisés durant la rencontre.
Tableau 4 : Personnes invitées
| Personne invitée | Sujet abordé |
|
Culture autochtone – lien avec le mieux-être, la roue de médicine autochtone |
| 2. France Talbot, professeure en psychologie, université de Moncton, Fondatrice de la plateforme https://etherapies.ca | L’écriture e-thérapeutique |
| 3. Marc Polley | Le Yoga |
| 4. Styves Tholes – Booly, artiste rappeur, slameur et auteur compositeur guadeloupéen[1] | Le Slam poésie pour les jeunes en décrochage social |
| 5. Lucia Choulakian, Artiste, étudiante en arts visuels concentration photographie et estampe, projet “Dé-génération-elles (2021) : trauma et transmission auprès des descendantes des rescapés du génocide arménien, un projet artistique par le photographique » https://www.youtube.com/watch?v=Bm1oxPt06W0 | La photographie une thérapie |
| 6. Alice Thébau-LeBlanc, autrice du livre Bonheurs revisités (2022), Éditions de la Francophonie | L’écriture et le mieux-être |
| 7. Serge Rémi Parent, kinésiologue, ergothérapeute et musicien | Retour sur la culture autochtone et le mieux-être et la roue de médicine autochtone. |
[1]On est déjà demain | Booly Styves THOLE | TEDxPointeaPitre https://www.youtube.com/watch?v=txy3FG4K43s
Parallèlement à ces rencontres, j’ai créé des activités d’apprentissage qui permettent aux apprenant.e.s d’expérimenter d’autres activités de loisir pouvant apporter du mieux-être telles que : Ma rencontre avec un livre, pour la lecture ; ou le cinémathérapie, à travers la rencontre avec un film ou un documentaire. Plusieurs opportunités d’expérimenter des bienfaits d’activités de loisir diverses sont donc offertes.
En salle de classe, lors d’activités de réflexion en commun, j’essaye au maximum d’éloigner les jeunes des écrans pour leur permettre de reconnecter avec leurs autres sens et développer leur créativité dans un cadre collaboratif, mais aussi en bougeant. J’offre donc du papier, des stylos et du scotch pour des travaux collectifs en classe et développer les discussions, les échanges et partages respectueux, tout en engageant le mouvement dans la pratique de la kinésiologie et de la proprioception. Ce que les personnes étudiantes semblent encore fortement apprécier (photo 1). Toutefois ce projet pédagogique expérimental n’a pas été facile.
Figure 1 : Activité avec papier – stylos et échanges
Discussions : Les défis et limites majeurs observés
Ainsi, il y a eu plusieurs défis à surmonter, à commencer par celui de trouver une salle de classe plus « humaine ». En effet, dans mon école de kinésiologie et de loisir, située dans le bâtiment qui abrite les activités sportives, les salles de classe ne disposent d’aucune fenêtre. Ce sont des blocs totalement fermés avec uniquement les portes d’accès. Une architecture qui date des années 1970. Heureusement, depuis quelques années, avec la rénovation de la bibliothèque centrale, la bibliothèque Champlain, des espaces ont été aménagés en salles de classe lumineuses. Et ce n’est pas un détail anodin, car les personnes étudiantes étaient contentes d’avoir changé de salle. S’y ajoute le fait qu’à presque chaque séance on doit redisposer er réorganiser les tables et les chaises pour avoir l’espace central libre pour les activités (photo 2).
Figure 2 : Réorganisation de la salle pour accueillir Marc Polley -Yoga
Aussi, je dois solliciter mon réseau communautaire francophone pour avoir des personnes invitées d’horizons variés en lien avec les loisirs et le mieux-être, disponibles pour intervenir pendant le cours, ce qui demande de la logistique, de l’organisation et surtout beaucoup de temps et d’énergie. Je rencontre chaque personne invitée préalablement et lui explique les attentes du cours et mes attentes au niveau de sa contribution aux apprentissages. C’est comme organiser des mini-colloques.
Je propose aussi des activités individuelles d’autoapprentissage ayant autant un effet de loisir, qu’amenant des questionnements sur le mieux-être (lecture, cinéma, etc.) et qui ne sollicitent pas beaucoup de temps de travail pour la personne étudiante, et que je conçois moi-même. Je dois être créative pour varier les activités chaque année, pour tenir compte des domaines des personnes invitées.
Les commentaires des personnes étudiantes sont très encourageants dans la poursuite de cette aventure pédagogique transdisciplinaire. Finalement, à la question visant les commentaires ou suggestions d’amélioration du cours, les réponses se trouvent résumés dans le Tableau 5.
Tableau 5 : Appréciations des apprentissages
| Verbatims étudiants | Éléments ressortis |
| J’ai vraiment beaucoup appris pendant nos cours | Quantité des apprentissages |
| J’ai adoré le local comparé à ceux au ceps | Importance de la salle de classe – l’espace physique où les apprentissages ont lieu |
| Très bon cours. Très intéressent et ça serait intéressent qu’il y aurait un 2eme cours au choix /option qui serait comme la suite, ça donnerait la chance de voir d’autres types de loisirs thérapeutiques | Intérêt à découvrir plus d’activités de loisir avec leurs bienfaits. |
| J’ai beaucoup apprécié le cours 🙂
|
Appréciation globale, mais le sourire ajouté est aussi important que les mots écrits ici. |
| Que du bonheur 🙂
|
Idem ici le sourire appuie l’expression du bonheur souligné. |
| Continuer à suivre cette méthode d’enseignement car elle permet de mieux apprendre et donne la sensation d’avoir moins de pression … | Un apprentissage sans stress. |
| Un grand merci pour ce cours qui m’a changé de ce que j’ai l’habitude de faire … J’ai adoré que les apprentissages ne soient pas centrés uniquement sur les connaissances mais également sur les ressentis. | Importance des émotions, du ressenti lors des apprentissages (place du journal de bord). |
| J’apprécie vraiment la façon dont nous travaillons parfois en équipe en classe et le projet d’équipe parce que cela nous aide à interagir avec nos collègues de classe et à apprendre à les connaître un peu plus au lieu d’aller en classe et à la maison tous les jours. | Apprendre à se connaitre et à connaitre l’autre. (L’inclusion valorisée) |
Conclusion : Pistes de recherches futures
Les analyses sont encore à leur tout début. Les premiers résultats sont encourageants et m’amènent à des pistes de recherches futures pour suggérer des pratiques pédagogiques non contraignantes, qui pourraient servir de base au développement de la créativité tant du professeur/de la professeure qui renforce ainsi son rôle de médiateur dans le soutien à la valorisation de l’expérience identitaire et à la construction de soi de la personne étudiante. Je n’ai pas eu l’opportunité de l’aborder dans le présent article, mais l’utilisation du journal de bord est aussi un outil intéressant pour un auto-suivi de l’évolution des apprentissages personnels et invite la personne étudiante à prendre un temps d’arrêt pour une introspection.
Le recours à plusieurs approches pédagogiques et à la transdisciplinarité permet d’aborder des apprentissages sous divers angles, ce qui permet à chaque personne étudiante d’être rejointe à un moment ou un autre d’une façon subtile et d’atteindre discrètement les objectifs, d’intéresser les apprenant.e.s très souvent focalisé.e.s sur les évaluations et les notes en risquant ainsi de manquer l’objectif premier de leur présence : à savoir apprendre à apprendre par eux-mêmes/elles-mêmes pour progresser vers le savoir-devenir transdisciplinaire nécessaire dans la société d’aujourd’hui et de demain.
Bibliographie
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[1] Lyse Langlois est directrice générale de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle et du numérique (OBVIA), éthicienne et chercheuse titulaire en relations industrielles (Université Laval). Elle cosigne ce texte avec 113 chercheurs membres de l’OBVIA.*